Montre-moi ton squelette et je te dirai qui tu étais

Conférence par Caroline POLET (Institut royal des Sciences naturelles de Belgique)

À partir de données prélevées sur le squelette, l'anthropologue arrive à redonner une identité à de nombreux anonymes et à restituer une multitude d’aspects des sociétés du passé. Les os les plus fiables pour distinguer une femme d’un homme sont ceux du bassin. S’ils sont absents absent ou trop fragmentaires, des indices peuvent néanmoins être livrés par le crâne ou la robustesse des os longs.

Les méthodes d’estimation de l’âge au décès diffèrent en fonction du fait que le squelette appartienne à un enfant ou à un adulte. Pour les premiers, on examinera en priorité l’état de développement des dents. Pour les seconds, ce seront principalement des usures (des articulations et des dents) et des fermetures (des sutures crâniennes) qui seront étudiées. La majorités des maladies ne laissent pas de traces sur les os ou les dents. Quand elles le font, c’est souvent de manière peu spécifique. Certaines affections peuvent toutefois laisser des modifications caractéristiques qui permettront leur identification comme la tuberculose et la lèpre.

Diverses maladies génétiques comme le nanisme et la polydactylie (présence d'un ou plusieurs doigts/orteils supplémentaires) sont reconnaissables par simple examen des os. Le squelette peut aussi porter les séquelles de traumatismes (fractures, dislocations, blessures par armes) ou avoir été intentionnellement modifié dans un but médical (amputation, trépanation) ou esthétique (réduction des pieds des Chinoises, déformations crâniennes, mutilations dentaires). L'observation approfondie des pièces squelettiques et dentaires met parfois en évidence la pratique d’activités, comme l’équitation ou la plongée en eau froide, et révèle certaines habitudes courantes autrefois comme l’utilisation d'un cure-dent ou fumer la pipe.

Enfin, pour obtenir des informations sur les comportements alimentaires dans les populations anciennes, on peut étudier des pathologies indicatrices de carences en vitamines (telles le rachitisme et le scorbut) ou de la consommation de types d'aliments particuliers (les sucres, par exemple, entraînent la formation de caries).